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Bianca Argimon

11/5/2018

 
Young Art Review - Bianca Argimon
Locust - luminances sur papier - 115 x 95 cm
Young Art Review - Bianca Argimon
Bianca Argimon est une artiste née en 1988 en Belgique de parents espagnols et français et elle vit aujourd'hui à Paris.
Au premier regard, ses œuvres - dessin, peinture, céramiques et autres œuvres tridimensionnelles - paraissent simples et poétiques dans des tons doux et délavés. Lorsque l'on s'approche, les détails prennent vie et dans une seconde lecture, on observe le fonctionnement et les symboles de notre société contemporaine, soulignés avec un certain humour noir.
En effet, Bianca Argimon s'inspire de faits réels, elle les mêle à des éléments historiques et de culture contemporaine et y ajoute des éléments fictionnels. 
Elle crée ainsi une oeuvre complexe, fine, parfois cynique "afin de provoquer et d'inviter le public à participer d'un processus de réflexion".

Rencontre.

YAR : Quand avez-vous commencé à vous intéresser à l'art ?
Très très tôt, enfant j’ai été promenée aussi bien dans les rétrospectives que dans les collections permanentes, j’ai vu mes goûts évolués au fil du temps, sans jamais perdre d’intérêt pour les primitifs et le moyen age.
Young Art Review - Bianca Argimon
Vous souvenez-vous de votre première oeuvre créée?
Première oeuvre ? Compliqué… je dessinais beaucoup enfant et ma grand-mère affichait très fièrement au mur mes dessins de tortues ninja comme des œuvres, j’avais 4 ans. 
Plus sérieusement, je pense à ce dessin (152 x 114cm) réalisé à l’age de 18 ans où, fascinée par l’araignée et la construction des toiles - piège absolu - j’avais imaginé reproduire autour de l’une d’entre elle toutes les formes de domination humaine - cléricale, industrielle, sexuelle... ​
Quel a été votre parcours ?
J’ai fait ma première année d’étude à Saint Martins à Londres, ensuite quatre ans à l’école des Arts Décoratifs de Paris et quatre autres aux Beaux Arts de Paris avec quelques mois d’échange à RISD aux Etats Unis. 
J’ai exposé pour la première fois en 2008 et j’ai participé à de nombreuses expositions de groupe et quelques expositions personnelles depuis qui m’ont permise durant ces années d’étude de montrer mon travail en dehors du cadre académique.
Quelle a été votre expérience dans l'atelier de Jean-Michel Alberola?
L’atelier de Jean-Michel Alberola est un espace où chacun de ses étudiants est confronté à l’énigme Alberolienne. 
Pour être plus claire : on peut imaginer les passages de Jean-Michel Alberola à l’atelier comme ceux d’un oracle, chacun tente ensuite de se refaire le film de cette interaction pour comprendre ce qui cloche dans sa pièce, trouver la solution dans sa composition, passer à autre chose ou simplement diriger ses recherches vers autre chose…

Cela a-t-il été formateur pour vous ?
Cette expérience a été très formatrice et elle m’a surtout permis de prolonger cette relation artiste-artisan qui m’est devenue indispensable.
"Je travaille toujours en puisant dans l’actualité contemporaine, dans mes lectures et dans mon imaginaire, j’interprète l’information à ma manière, sans la caricaturer, en cherchant toujours un trait d’humour."
Aujourd'hui, quel est votre processus créatif ? 
Le processus créatif agit comme un moteur, si il fonctionne il ne faut surtout pas le changer ! Au contraire, il faut le faire marcher et avancer. Je travaille donc toujours en puisant dans l’actualité contemporaine, dans mes lectures et dans mon imaginaire, j’interprète l’information à ma manière, sans la caricaturer, en cherchant toujours un trait d’humour. Je tente aussi d’expérimenter avec les techniques, que ça soit le bois, l’argile, le dessin, la peinture, j’aime me confronter à la difficulté, sinon on finit vite par s’ennuyer.
Est-ce que cela rend votre travail politique ? Si oui, quels sont les sujets qui sont importants pour vous ?
Oui et non, il devient politique malgré lui, j’offre une interprétation de l’actualité contemporaine, parfois cinglante, mais qui n’est pas tranchée. Mon projet est de représenter les travers de notre société sans réserve, en cherchant toujours des parallèles avec l’histoire, notre culture, des proverbes. Les sujets importants ? Ils le sont tous… de l’écologie à l’intelligence artificielle, tout y passe.
​

Lors de l'exposition Les mains sans sommeil organisée par la Fondation d'Entreprise Hermès autour des artistes en résidence dans les manufactures, j'ai eu l'occasion de voir votre oeuvre Materazzi. Que représente-elle ?
Materazzi est ma vision/version de la société du spectacle, mais également - dans mon imaginaire - un nouveau chapitre des Mythologies de Roland Barthes. C'est un objet qui en dit long sur le héros moderne. ​
Young Art Review - Bianca Argimon
Materazzi - bois, inox, céramique, lino, résine - 124 x 85 x 72 cm
Young Art Review - Bianca Argimon
Two seconds to go - luminances sur papier - 157 x 120 cm
Y a-t-il une autre oeuvre dont vous souhaiteriez parler ?
Oui, j’aimerai dire deux mots sur un des derniers grands formats réalisés cette année : Two Seconds to Go (157 x 120 cm) , une analyse de la société contemporaine américaine où je me suis imprégnée des nombreux bouleversements observés au niveau national et international depuis le dernier mandat et de certains clichés de la culture américaine. C’est un dessin dans lequel il y a plusieurs niveaux de lecture, on y retrouve des symboles, des métaphores et surtout un certain humour noir… grinçant. ​

​Que vous a apporté la résidence Hermès ? Avez-vous pu y découvrir des nouvelles techniques ou manières d'aborder l'art ? Si oui, souhaitez-vous les réutiliser ? (Je pense notamment à votre travail sur mousseline qui était vraiment magnifique)
La résidence chez Hermès est très formatrice car être livré à soi dans l’environnement de l’entreprise est un défi. En tant qu’artiste nous sommes amenés à prendre des décisions seuls, mais dans le cadre d’une résidence il n’y a pas de retour en arrière possible et le temps limité nous pousse à nous investir deux fois plus et à ne faire plus qu’un avec la manufacture - comprendre ses codes et son mode de fonctionnement. 
Oui, j’aimerai pouvoir réaliser d’autres pièces en mousseline, j’ai trouvé un rendu avec cette matière et c’est presque frustrant d’en rester là. Peut-être trouverais-je un moyen d’y revenir plus tard…
Quels sont vos prochains projets ?
Actuellement je travaille pour deux expositions personnelles qui doivent avoir lieu en 2019-2020, des expositions collectives et je suis également en train de déposer des dossiers pour des résidences.
"Les sujets importants? Ils le sont tous… de l’écologie à l’intelligence artificielle, tout y passe."
Quels sont les artistes qui vous inspirent ?
J’ai des goûts très très éclectiques, j’essaye de tout voir, même les artistes dont la pratique est à l’opposée de la mienne.
Cependant les artistes qui m’inspirent le plus sont les suivant : Mika Rottenberg, Christian Hidaka, Chris Hipkiss, Jan Voss, Luigi Serafini, Gilles Barbier, Jim Shaw, Pierre Huyghe, Guillaume Bresson et Jeff Wall pour les contemporains.
Paul Gauguin, Cy Twombly, Matisse, Pablo Picasso, Vermeer, Jerôme Bosch, Pieter Bruegel, Hiroshige, Hokusai, Ambrogio Lorenzetti, Fra Angelico, Piero della Francesca, Giovanni Bellini, Mantegna, Masaccio, Masolino, Giotto, Simone Martini pour les plus anciens, pour ne nommer qu'eux..

Un conseil culture ? (expo, livre, musique, ou autre)
Les soies peintes de Jakuchu au Petit palais, et l'exposition Mantegna/Bellini à Londres...
Interview mené par Livia Perrier

​Quelques liens

http://www.biancaargimon.com/
Fondation d'Entreprise Hermès : Les résidences d'artistes

Crédit photo
Portrait : Marie Dehé

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