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Bienvenue art fair

10/15/2018

 
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The Flat : Derek Mainella, Untitled (Lavender Pink Beige Yellow), 2017, Oil and Acrylic on Canvas, 145 x 130 cm
Bienvenue Art Fair est une toute nouvelle foire d'art contemporain, organisée pendant la FIAC à Paris. Sa première édition se tiendra sur deux semaines, à partir du 15 octobre 2018 à la Cité Internationale des arts.
La foire revendique d'exposer un choix restreint de galeries (une vingtaine seulement) mais proposant une sélection d’œuvres fortes et exigeantes, avec un point d'honneur donné à l'expérimentation. Son objectif fondateur est de placer la galerie d'art au centre du projet et d'ainsi mettre en évidence son travail autour de la promotion, la découverte, l'exploration et l'enrichissement de la scène artistique.

Rencontre avec son fondateur, Olivier Robert.
"En créant Bienvenue Art Fair, j'avais envie de regrouper des galeries, mais d'une manière différente des grandes foires internationales."
​YAR : Quel a été votre parcours professionnel ? Quand vous êtes-vous intéressé à l'art ?
J'ai travaillé très jeune, au début des années 90, au Crédit Municipal de Paris. Il s'agissait de mon premier job, auprès de ma tante.
J'y faisais du prêt sur gage, et c'est ainsi que j'ai commencé à m'intéresser aux objets. À l'époque, ils avaient envie de grandir : les maisons de ventes anglo-saxonnes prenaient une tournure plus internationale et le Crédit Municipal a ouvert un département
"Art et Patrimoine" dont j'ai été le PR. Ensuite, j'ai monté un espace galerie mais pour faire de l'entretien de clientèle pour le Crédit Municipal.
J'ai commencé à monter des shows. Je me suis donc formé à l'Ecole du Louvre. C'est vrai que l'art contemporain a été une découverte assez fortuite. J'ai fait ça pendant un certain temps puis je suis devenu l'assistant du galeriste Alain Le Gaillard. Sa galerie est spécialisée dans l'art moderne et des pièces de marché d'art contemporain. J'ai eu l'occasion de monter la première exposition de Pascale Marthine Tayou, avant qu'elle soit représentée par la Galerie Continua. Nous travaillions aussi sur Basquiat, Louise Bourgeois, etc., j'ai ainsi pu approcher le second marché.
Puis, j'ai monté ma galerie, la galerie Olivier Robert. J'y faisais de la promotion de jeunes artistes de toutes nationalités : la française Elodie Lesourd - qui est exposée dans le cadre du Printemps de Septembre et aussi au Frac Île de France -, avec qui je travaille depuis 2004, mais aussi des artistes étrangers tels que Barry Mcgee ou encore Alex Da Corte, qui est aujourd'hui représenté par Maccarone.
J'ai souhaité donner un nouveau souffle à ma galerie, j'ai donc changé d'espace et de nom : Lily Robert. Dans l'art contemporain, contrairement aux marchands d'art moderne, aux antiquaires, il n'y a pas de filiation, de transmission de l'entreprise dans sa famille. Or Lily est le prénom de ma fille. J'ai voulu jouer sur une filiation fictive.
L'hiver dernier a été très morose pour les galeries avec plusieurs fermetures. L'hyper financiarisation me fatiguait et je voulais arrêter les expositions classiques. J'avais envie de changement, j'ai donc lâché l'espace Rue des Haudriettes. Je me suis installé dans le 4e arrondissement, qui abrite aujourd'hui mon bureau mais qui redeviendra certainement une sorte de galerie. 
Je continuerai à produire des expositions, d'ailleurs, je travaille en ce moment sur un projet avec l'artiste Maya Rochat suite à son intervention à la Tate Modern. 
​En créant Bienvenue Art Fair, j'avais envie de regrouper des galeries, mais d'une manière différente des grandes foires internationales. En effet, celles-ci sont très violentes pour les petites et moyennes galeries : en terme d'accueil, de risque financier, de fatigue... Je voulais créer quelque chose qui ne renvoie pas cette violence. Donc j'ai travaillé sur ce projet de foire. J'ai pu rencontrer une personne de la Cité Internationale des Arts via un curator-artiste italien que je connais bien. Ils ont trouvé l'histoire intéressante et j'ai aimé le lieu malgré ses contraintes. Je n'ai pas réfléchi en terme de stratégie économique mais plutôt à l'instinct, à l'envi.
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Galerie Anne Barrault : Stéphanie Saadé, Golden Apple, 2018, pomme dorée à la feuille d’or
YAR : Comment se distingue Bienvenue Art Fair des autres foires d'art contemporain ?
Je n’ai pas la réponse car on peut retrouver plusieurs aspects de Bienvenue dans d'autres foires. La foire à taille humaine, conviviale, Galeristes s'en est servi comme approche. Ce n'est pas non plus une foire qui montre uniquement des jeunes galeries ni une foire portée sur l'international telle que Paris Internationale.
Bienvenue est un projet collectif et respectueux à la fois envers les galeries et envers le lieu qui accueille.

YAR : Que sont les Artist run spaces organisés en parallèle de la foire ?
En parallèle de la foire, Bienvenue et la Cité Internationale inaugurent un Artist run space. C'est un peu l'espace de la galerie avant la galerie, une façon de commencer à produire des expositions. Il s'agit de projets avec des budgets plutôt restreints dans des lieux qui ne sont pas gigantesques, sur des durées assez courtes. Finalement, il est intéressant de jouer aussi sur ce mode de présentation, d'action dans l'art. Faire ce lien avec la cité était vraiment important pour moi. Nous avons eu un très bon accueil et soutien, c'est en quelques sortes un cercle vertueux.
​
"Le projet curatorial était une vision romantique de ce que pourrait être Bienvenue.
​Cela m'a davantage aidé à réfléchir au projet, à structurer une pensée."
YAR : Y a-t-il un thème, une approche particulière ?
Au début, je souhaitais vraiment donner une approche curatoriale à la foire. Mais j'avais peut être un peu trop d'ambition.
Je voulais travailler sur le changement de paradigme, l'envie de bouger les lignes, redéfinir les frontières. En 1965, c'est l'année de création de la Cité. L'année d'avant, Rauschenberg reçoit le lion d'or à la Biennale de Venise, ce qui bouleverse l'approche de l'oeuvre et du marché. Ces ondes de chocs m'intéressent. Maintenant, c'était compliqué pour les galeries d'être vraiment là-dedans. Elles ont respecté ce 
​thème plus ou moins et de fait, elles le respectent en participant à Bienvenue.
Le projet curatorial était une vision romantique de ce que pourrait être Bienvenue. Cela m'a davantage aidé à réfléchir au projet, à structurer une pensée. Pour une foire, c'est assez difficile d'être vraiment dans le curatorial (même si Poppositions a ce type d'approche).
Bienvenue a aussi un format un peu particulier puisque la foire dure 15 jours : 1 semaine avec les galeries et 1 semaine avec un système de médiation. Nous essayons d'être entre la foire et l'exposition de groupe. D'ailleurs, l'espace se prête à ce type d'événement en imposant un mode déambulatoire.
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Galerie Bernard Jordan : Childress-686-Blurriness (3_4 A.), jan 2002, huile sur toile, 116 x 81 cm
​YAR : Comment a été effectuée la sélection des galeries ?
J'ai commencé à monter le projet en juin, c'était super court ! Il a fallu trouver des galeries, bloquer l'espace et lancer la com. Donc c'est vrai qu'elles viennent en grande partie d'un cercle de connaissance mais j'ai aussi travaillé sur des galeries plus éloignées.

YAR : Comment s’intègre votre galerie sur la foire ?
La galerie est présente sur la foire avec deux artistes avec lesquels je travaille depuis un moment.

YAR : Et l’année prochaine ?
La Cité trouve l'événement plutôt cool. La directrice générale m’a dit qu'elle était partante pour l’année prochaine. Après je n'en sais rien. Je sens juste que les galeries ont la volonté de continuer, que la presse est en demande. Je sens l’intérêt.
Ce qui est vraiment important pour moi c'est de ne plus être confronté à cette violence de foire. Peut-être qu'un jour, Bienvenue ira s'installer à l'étranger, je n'en sais rien. En tous cas, je ne veux plus cette violence : cela gâche le plaisir et gâche ce qui est romantique. Bien-sûr, l'art n'a pas à être romantique, mais c'est un certain rapport à l'art qui me manque. Je n'aime l'inflation du nombre d'artistes et des prix. Ces grandes foires sont très chères et nous bloquent quelque part : étant donné le prix des stands, les jeunes artistes sont vendus déjà très chers et cela peut fonctionner en foire mais pas en galerie... Donc la fréquentation est à la baisse dans
les galeries... Je suis admiratif du travail d'Emmanuel [Perrotin], de Kamel [Mennour], ils sont extraordinaires, mais c'est bien d'avoir aussi d'autres modèles économiques.

​YAR : Des initiatives inspirantes ?
J’aime beaucoup le projet indépendant "Dama" en marge de la foire Artissima à Turin, la foire Material Art Fair à Mexico qui a été monté par un galeriste. Je trouve ça intéressant quand ce sont des galeries qui créent une foire.
Paris Internationale est frais et cool. Bienvenue est un peu différente car elle n'est pas internationale et présente beaucoup moins de galerie mais il y a aussi un côté frais que je trouve pas mal.

YAR : Un conseil pour les jeunes artistes et pour les jeunes professionnels de l'art ?
Tenir. C’est un peu la devise du 21e régiment d'infanterie de marine : "croche et tient". Ça fait un peu militaire mais c’est un peu ça finalement. Ce qui est intéressant pour moi aujourd'hui, c'est de pouvoir avoir du recul et pouvoir voir les histoires de l'art que j'ai vécu : l'exposition Tayou en 2002, Corte en 2009. Avoir vécu tout ça est vraiment cool.
Ce qui est bien aussi avec la création de Bienvenue, c’est de ne pas devenir aigri envers les artistes, les collectionneurs... C’était une envie de positive attitude.
Interview mené par Livia Perrier

Lien

http://bienvenue.art/fr/

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