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Gaël Charbau

9/9/2019

 
Young Art Review - Gaël Charbau
Young Art Review - Gaël Charbau
Gaël Charbau est un critique d'art et commissaire d'exposition. Il organise des expositions en France et en Asie et collabore avec différents mécènes, institutions et fondations (la Fondation d'entreprise Hermès, le programme Audi Talents Awards, Emerige Mécénat, Nuit Blanche...).
Retour sur quelques projets marquants.
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​​En 2014, tu as créé la "Bourse révélations Emerige" avec Laurent Dumas et Angélique Aubert. Pourquoi ? Comment en est née l'idée ?
Laurent avait envie de créer une bourse pour aider les artistes en les associant à des galeries. L'analyse de Laurent était la suivante : "On manque de sang frais sur la jeune scène française et pourtant il y a des choses qui existent partout. 
"Diriger Nuit Blanche consiste à vivre un an avec la carte de Paris sous les yeux, puis proposer à des artistes de nous rejoindre, leur proposer des lieux, demander des autorisations assez incroyables..."
Que peut-on imaginer comme programme qui va permettre de distinguer des artistes, mais surtout les aider au début de leur carrière, un moment déterminant ?" Que peut-on faire pour eux au moment où ils ont le plus besoin d'un relais professionnel, comment les aider à leur donner de la visibilité ? 
L'idée, c'était donc de s'associer à une galerie tous les ans, ce que nous faisons depuis six ans maintenant. Nous finançons ensuite l'exposition du lauréat dans cette galerie, prêtons un atelier pendant un an à l'artiste et accompagnons son début de carrière.

L'artiste est-il représenté par la galerie ou simplement exposé ?
Et bien depuis cinq ans, on se rend compte que les galeries représentent les artistes : Vivien Roubaud, notre premier lauréat a pu s'épanouir avec Fabienne Leclerc, Lucie Picandet travaille avec les Vallois, Edgar Sarin avec Michel Rein, Linda Sanchez avec les Papillon et aujourd'hui Paul Mignard avec Jérome Poggi. Nous associons les galeristes pendant presque cinq à six mois à la présélection, c'est un gros travail... et le choix final reflète cet engagement.
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As-tu pu voir une évolution pour les artistes qui eux, n'ont pas gagné le prix, mais sont exposés ?
Il y a en a qui sont entrés parallèlement en galerie, d'autres qui sont achetés par des collectionneurs, qui gagnent d'autres prix, qui sont invités à des expositions collectives...
​La Bourse est un moment de focus, de mise en lumière. Nous travaillons par ailleurs avec des complices internationaux, comme The Pill à Istanbul ou Hestia à Belgrade et on essaie désormais d'imaginer un partenariat avec New York. Pour tous ces artistes, il y a un avant et un après la participation à la Bourse, qui est un peu comme une grande famille.
​Comment se déroule la sélection des artistes ?
Le comité de sélection est composé de la galerie invitée, d’Angélique Aubert, de Paula Aisemberg, d'Aurélie Faure, de Joséphine Dupuy-Chavanat, de Laurent Dumas et moi. La sélection des artistes est un long travail puisqu’on passe de 800 dossiers à 11 ou 12 ! On n’est pas forcément d’accord tout au long de ce processus, c’est ça qui est intéressant. Nous avons tous les ans un panorama incroyable de la création actuelle.

Vos critères ?
La singularité : est-ce qu'on a sous les yeux une écriture, une pratique singulière ? Est-ce qu'on a un être humain qui nous propose un univers qui soit un peu différent ? C'est un critère très fort. Après, à partir de là, est-ce que ça parait abouti ou encore trop embryonnaire ?
Il n'y a pas de critère de medium, on garde tout : photo, peinture, sculpture, installation... 
Tous les ans, des candidats re-candidatent et on voit ainsi des artistes évoluer sur plusieurs années, c'est très intéressant
Après, gardes-tu un lien avec ces artistes ?
​Absolument. Par exemple, pour Nuit Blanche, j'ai fait appel à plusieurs artistes qui ont participé à la Bourse. J'ai demandé à Samuel Trenquier de faire l'affiche de Nuit Blanche, à Edgar Sarin d'investir l'île Saint-Louis, Hugo L'Ahelec la bibliothèque Forney, à Fabien Léaustic d'imaginer un geyser pour la Cité des sciences...
Je suis par ailleurs conseiller artistique pour Universcience, et j'ai par exemple invité Bianca Bondi ou Eva Medin dans le cadre du programme "Science Actualités".
​Je travaille actuellement avec Elsa&Johanna sur un projet pour le Palais de la découverte... Je garde énormément de liens avec eux évidemment.
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Comment as-tu conçu l'exposition Outside Our du Prix Emerige 2018 ?
Pour chaque édition de la Bourse, nous décidons avec les artistes des œuvres présentées dans l'exposition : soit existantes, soit des pièces en cours de production, soit des pièces entièrement à produire. J'essaie tous les ans de trouver un titre qui donne une couleur particulière à l'exposition et qui permet de jeter des ponts entre les pratiques. Avec Jérôme Poggi, nous étions à la recherche de pratiques un peu « sauvages » pour cette édition. Le titre parlait de cette idée d'oeuvres « en dehors » de nos radars habituels. C'était aussi un jeu de mot sur le mot « outsider »... cette figure paradoxalement devenue très prisée dans l'art aujourd'hui.
​Qui choisit le lauréat ?
Le lauréat est choisi par un jury que nous renouvelons tous les 2 ans composé de personnalités du milieu de l'art.

Et 2019 ?
Nous ouvrons un nouvel espace baptisé « Voltaire » au 81 boulevard Voltaire. Avec la galerie partenaire, GB Agency, nous avons choisi les 12 artistes de cette nouvelle édition qui inaugureront ce nouveau lieu, une friche industrielle totalement différente de la Villa Emerige. L'exposition s'intitulera « L'effet falaise ». Je présenterai par ailleurs une exposition des 5 premiers lauréats de la Bourse, dans une exposition sobrement intitulée « 5 ans ». Nous sortons par ailleurs un important catalogue retraçant l'aventure de ces cinq premières années de la Bourse.
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​Comment as-tu conçu le commissariat de Nuit Blanche ? L'événement est tellement important, quel a été ton processus créatif ?
L'année dernière a été une vraie aventure... J'ai été nommé le 21 décembre 2017 et la Nuit Blanche se déroulait le 6 octobre 2018! Ce fût neuf mois très intenses. J'ai d'abord réfléchi à ce que je voulais raconter, puis j'ai très vite dessiné des zones géographiques qui allaient déterminer nos partenaires : musées, institutions etc. J'ai été très ambitieux dès le départ : au mois de janvier, j'ai proposé 4 constellations très différentes (une autour de l'hôtel de ville, une autour des Invalides, une autre autour du Parc de la Villette et une autre autour du parc zoologique de Paris / Palais de la Porte Dorée). Ça a permis de mettre la machine en marche. Diriger Nuit Blanche consiste à vivre un an avec la carte de Paris sous les yeux, puis proposer à des artistes de nous rejoindre, leur proposer des lieux, demander des autorisations assez incroyables (comme piétonniser 1km sur les Invalides ou occuper le Zoo toute la nuit... ).
Puis ce sont des batailles d'organisation, de gestion de budgets, de l'argent à aller trouver puisque la Nuit Blanche a nécessité entre 800 000 et 900 000 euros en plus du budget de la Mairie (de 1.2 million). Il faut être partout : sur la communication, sur les lieux, avec les partenaires, chercher des mécènes, travailler avec les artistes. Il me semble qu'il y avait environ 180 projets et j'étais directement à l'origine d'environ 70 projets.
​Il faut trouver des solutions quand ça ne fonctionne pas. J'ai été énormément aidé par l'agence Eva Albarran qui a fait un travail magnifique, les équipes de la Mairie, de la Direction des Affaires Culturelles, en particulier Emmanuel Daydé et bien sûr par Aurélie Faure qui travaille toujours à mes côtés.

Comment s'articulent le In et le Off ?
C'est le terme classique, mais j'ai plutôt parlé de projets satellites. En fait, certains projets sont spontanément proposés à la mission Nuit Blanche. Parfois ce sont de très beaux projets et j'ai proposé qu'on les intègre dans le In. Parfois ce sont des projets très intéressants mais que je n'aurais pas nécessairement proposé en termes de direction artistique, mais dont la qualité et l'intérêt sont présents, et auxquels on donne de la visibilité et de la communication. Cependant, on ne les finance pas.
Finalement, la frontière est là : les projets In sont des projets qu'on finance
Autre projet : la Fondation Hermès. Comment collabores-tu avec ? 
En 2012, la Fondation m'a demandé de m'occuper de l'exposition des résidents de la première résidence d'artistes en manufacture. Il y avait 16 artistes et nous étions invités dans le cadre de Nouvelle Vague au Palais de Tokyo. J'ai dû mettre en scène cette exposition puis elle a ensuite voyagé au Japon et en Corée. 
Depuis cette date, j'accompagne ces artistes en résidence : je leur rends visite dans les manufactures, je fais des RDV avec les parrains, on fait une série d'interviews qui paraissent dans les cahiers de résidence - ensuite publiés chez Actes Sud. On mène l'aventure ensemble à partir de leur projet.
Nous avons présenté le deuxième volet des expositions "Les Mains sans sommeil" au Palais de Tokyo à l'automne dernier et je l'ai ensuite reconfigurée en deux épisodes au Forum Hermès de Tokyo.


Un projet que tu rêves de réaliser ?
Il y en a plein ! Je rêve d'expositions qui proposent des modèles de vie et de société différents. J'aimerai imaginer une exposition avec des architectes et des artistes. Pour moi, le centre d'art ou le musée est un endroit où l'on doit regarder le monde autrement. Je trouve que la question de la construction de l'habitation, de la ville, est essentielle. Je n'ai aucune idée précise là-dessus mais j'aimerai beaucoup imaginer une exposition qui serait un vrai voyage spatial, car nos habitats, notre place dans la ville détermine énormément nos comportements... 
Young Art Review - Gaël Charbau
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La question écologique est aussi aujourd'hui au cœur de mes réflexions. Nous savons tous qu'il s'agit là de notre guerre à nous, ce qui marquera notre mémoire, le traumatisme de notre génération et de celles qui arrivent.
De nombreuses formes aujourd'hui ne sont pas des formes classiques du musée et sont vraiment intéressantes. Le rêve serait de réunir tout : toutes les pistes que j'explore dans mes différents projets et de les assembler dans un lieu. Avoir un lieu qui me permettrait de centraliser toutes ces recherches que j'ai pu explorer ou que j'explore encore.
Retour sur son parcours et sa vision du métier de curator
Interview mené par Livia Perrier en juillet 2019.

Bourse révélations Emerige
Nuit Blanche 2018
Fondation Hermès

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